Imaginé dans les années 80 avec la télématique, le paiement sur facture opérateur connaît un net regain d’intérêt pour le paiement de biens et services numériques et de contenus digitaux
Si les Français se sont longtemps enorgueillis d'être les inventeurs de la carte à puce, ils peuvent également être fiers de l’invention du Minitel, à l'origine de tout un écosystème de paiement et facturation sur la ligne téléphonique fixe ou mobile/ singulièrement efficace qui est, encore particulièrement vivace et dynamique aujourd'hui.
Selon les derniers chiffres de l’AF2M* sur les solutions de paiement sur facture opérateur, près de 12 millions de Français ont eu recours à ce mode de paiement en 2023, et le volume de paiement réalisé affiche une croissance à 2 chiffres de 12,2% pour atteindre les 654 millions d'euros.
Des formats tels que le paiement par SMS (91 millions d'euros, +15%) et en particulier le don ou le ticket par SMS (44 millions d'euros, 24%) affichent de belles performances, mais c'est surtout le "Direct Carrier Billing" et la facturation des applications achats dans les stores comme Apple, Google, Microsoft ou Sony ou les services de streaming comme Netflix qui pèsent désormais sur cette activité, en atteignant 334 millions d'euros (+17%) soit 51% du volume des paiements sur facture opérateur !
Comment expliquer la résurgence et la résilience de ces solutions imaginées il y a déjà 40 ans ? La première raison est que ces solutions de paiement ont su évoluer, se transformer et s’adapter aux évolutions du monde numérique et aux nouvelles attentes et exigences qu’elles génèrent auprès des utilisateurs : temps réel, mobilité, absence de friction, instantanéité, simplicité des parcours.
La seconde raison est imputable à leurs qualités intrinsèques, jamais démentis, de simplicité, d’universalité et de sécurité : Certains Français ne peuvent pas ou ne veulent pas utiliser de carte bancaire pour des paiements sur internet. Un paiement par carte impose de saisir les données confidentielles de votre carte de paiement (le numéro de la carte, le CVV, la date d’expiration, le nom du porteur), auxquels s'ajoute l'authentification forte via l’application bancaire du porteur, qui peut imposer une nouvelle saisie d’identifiant et de code confidentiel. Selon une récente étude par Hi-Pay**, 10 à 15% des paiements échouent, notamment en raison de la complexité de cette saisie pour de nombreux consommateurs.
A l'inverse, le paiement sur facture est beaucoup plus simple, avec une transaction en quelques clics ne nécessitant ni carte, ni authentification forte. Pour le commerçant, les taux d’acceptation peuvent atteindre 95%, et le paiement est garanti par l'opérateur, ce qui lui permet d'éviter de gérer l'épineuse question des soldes insuffisants et des recouvrements de créance. Un coût qui représente en moyenne plus de 11 % du montant du paiement !
Dans une économie numérique qui fait désormais la part belle aux applications, notamment à celles fonctionnant selon le principe de l'abonnement (Musique, Vidéos, Jeux, Rencontres, Coaching, etc...), le paiement sur facture permet pour les éditeurs d’optimiser les taux de conversion, de minimiser le churn, et de maximiser le recouvrement des paiements et leur rentabilité.
Cela explique pourquoi les grandes sociétés numériques proposent ce type de paiement, en plus de la carte bancaire, des X-Pay (Google Pay, Apple Pay, Samsung Pay) et autres Wallet de type Paypal et que les chiffres sont en forte croissance depuis 5 ans. Ce type de paiement est enfin un moyen d'être facilement mis en avant par les opérateurs au sein de leur propre écosystème, et de bénéficier d'une audience pouvant atteindre plusieurs dizaines de millions de clients en France, et déjà plusieurs centaines de millions dans le monde.
*association des solutions multi opérateurs
** https://blog.hipay.com/fr/paiements-sans-friction-pleinement-s%C3%A9curis%C3%A9s